Si vous suivez WPMarmite ou mon compte personnel sur LinkedIn, vous avez dû voir passer l’étude de WP Umbrella sur l’état des agences et de freelances web en France, en collaboration avec Weglot. L’objectif de cette étude est de comprendre…
Depuis le début de l’année 2022, les parts de marché de WordPress ont cessé de croître. Elles semblent même aborder une légère descente.
En effet, après avoir dépassé la barre des 43 % de parts de marché en décembre 2021, WordPress n’a jamais dépassé les 43,3 % (atteints en février 2022 et consolidés en mars).
Mais que se passe-t-il ? Est-ce le début de la fin pour WordPress (qui va d’ailleurs bientôt fêter ses 20 ans !) ?
Pour tout vous dire, cela n’est à proprement dit jamais arrivé !
Dans une interview de mars 2022 dans le magazine The Verge, Matt Mullenweg assurait que :
- la croissance de WordPress était supérieure à celle de tous ses concurrents réunis ;
- les parts de marché de WordPress atteindraient probablement 80 à 85 % d’ici 10 ans.
WordPress aurait-il décidé de faire une pause ?
Essayons d’y voir plus clair.
Comment expliquer cet arrêt de la croissance ?
Dans un article sur WP Tavern, Sarah Gooding nous partage les 3 raisons avancées par la communauté WordPress. Cela viendrait :
- des soucis de performance ;
- de la complexité grandissante ;
- et de la lenteur du déploiement du Full Site Editing.
Abordons ces points individuellement.
Raison n°1 : La performance
L’une des forces de WordPress, c’est sa flexibilité. Toutefois, c’est aussi une de ses faiblesses.
En effet, un utilisateur peut installer n’importe quel thème, ajouter des plugins tous azimuts et littéralement mettre un boulet au pied de son site. De plus, l’hébergeur n’est pas neutre.
Posons cela sous forme d’équation :
Hébergement(mauvais) + WordPress + Thème(mal codé) + plugins(gourmands) + optimisation(aucune) = Site non performant
Alors qu’en faisant bien les choses, on peut arriver à cette équation :
Hébergement(rapide) + WordPress + Thème(bien codé) + plugins(bien configurés) + optimisation(sérieuse) = Site performant
De part sa nature, WordPress ne peut pas tout maîtriser comme ses concurrents.
Quand on crée un site chez Wix ou Squarespace, cela n’a rien à voir. Leur écosystème est totalement intégré et tout est optimisé (serveur, design, applications, SEO…).
Par le passé, des efforts ont été faits pour améliorer la performance (comme les images responsives dans WP 4.4). Une équipe dédiée à d’ailleurs été mise en place plus récemment afin de pousser les choses dans la bonne direction (même si un des sujets phares : la conversion automatique des images au format WebP a beaucoup divisé).
Malgré tout, il faut reconnaître que WordPress aura toujours un désavantage sur ce point.
Si les utilisateurs ne prennent pas la performance à cœur (avec une extension comme WP Rocket par exemple), cela va être compliqué de rivaliser.
Au passage, cela vaut aussi pour la sécurité, le référencement ou encore le webmarketing. Un utilisateur de WordPress aura toujours plus de responsabilités.
Raison n°2 : La complexité
Depuis l’arrivée de l’éditeur de blocs dans la version 5.0 (en décembre 2018), WordPress a commencé sa mue.
Le projet Gutenberg a apporté une nouvelle expérience en matière de rédaction de contenus et a initié une belle dynamique au passage.
Malgré les levées de boucliers à l’époque, il semblerait que la majorité des utilisateurs se soient bien adaptés à cette évolution.
Depuis, les blocs se sont invités un peu partout dans l’administration au fil des versions. Sur l’écran des widgets et dans l’outil de personnalisation notamment.
Et franchement, c’est très agréable de les manipuler pour concevoir des sites.
En revanche, je crois qu’un cap a été franchi avec WordPress 5.9 et l’intégration du Full Site Editing.
Pour rappel, le Full Site Editing a pour objectif de personnaliser l’apparence de son site directement depuis l’administration de WordPress.
Cette évolution a introduit de nouveaux types de thèmes (basés sur des blocs, universels et hybrides) en plus des thèmes classiques, que nous utilisons depuis des années.
Je crois que l’arrivée de Twenty Twenty-Two (thème basé sur des blocs) en tant que thème par défaut a causé beaucoup de dégâts.
En effet, que pense un nouvel utilisateur lorsqu’il doit mettre les mains dans son en-tête pour configurer son menu avec le bloc navigation ?
Je suis persuadé que la plupart abandonnent (sans chercher à changer de thème).
Par contre, avec un thème comme Astra, les choses deviennent beaucoup plus simples. On dispose du constructeur d’en-tête et on peut créer ses menus directement dans l’outil de personnalisation.
Étrangement, l’arrivée du FSE coïncide avec le début du ralentissement de la croissance des parts de marché de WordPress.
Cela se serait-il produit si Twenty Twenty-Two avait été un thème classique ou universel ? (avec le FSE seulement disponible pour les utilisateurs intéressés)
On ne peut pas le savoir.
Dans cette hypothèse, l’expérience aurait été similaire à celle du multisite. Si on veut en bénéficier, il suffit d’en faire la démarche en installant un thème compatible.
De cette manière, les utilisateurs débutants n’auraient pas été impactés par l’intégration du FSE dans le cœur de WordPress.
Raison n°3 : La lenteur du déploiement du FSE
Le FSE a officiellement été introduit dans WordPress 5.9 mais avec certaines limitations (tous les modèles de page de la hiérarchie des templates ne sont pas personnalisables).
Même avec WordPress 6.0, on ne peut pas encore tout personnaliser. Par exemple, on ne peut pas créer un modèle pour une catégorie ou une taxonomie précise.
L’objectif final du FSE est de démocratiser l’accès au design. Cependant, l’utilisateur moyen n’a pas besoin d’aller aussi loin.
J’ai pu m’en rendre compte avec mon expérience de formateur WordPress pour WPChef et sur le Chaudron.
Que le FSE soit déployé lentement ou facilement importe peu à mon sens. C’est le fait qu’il soit disponible par défaut qui frustre les utilisateurs (et les envoie à la concurrence).
Voici un extrait de la philosophie de WordPress :
Conçu pour la majorité
Beaucoup de personnes utilisant WordPress n’ont pas un profil technique. Elles ne savent pas ce qu’est l’AJAX pas plus qu’elles ne se soucient de la version de PHP qu’elles utilisent. Les personnes utilisant WordPress veulent généralement simplement pouvoir publier du contenu sur le web sans problème ni interruption. C’est pour ces personnes que nous concevons le logiciel car au final, ce sont elles qui passeront le plus de temps à l’utiliser pour ce pour quoi il a été conçu.
En remplaçant AJAX par FSE, cela devient limpide.
C’est exactement comme si Elementor imposait l’utilisation de son Theme Builder à tous ses utilisateurs (NB : ils poussent en ce sens, mais ce n’est pas imposé par défaut).
Il faut se rendre à l’évidence, l’édition du thème ne concerne qu’une minorité de personnes. Des développeurs, designers et passionnés de WordPress.
Les utilisateurs veulent publier du contenu avec WordPress, pas passer des heures à concevoir un en-tête.
Quel avenir pour WordPress ?
Alors, faut-il s’inquiéter de cette stagnation de la croissance de WordPress ?
Certains, comme Alex Denning estiment que cela ne veut rien dire du tout et que l’interprétation des chiffres peut mener à différentes conclusions.
D’autres comme Joost de Valk, le fondateur de Yoast SEO, sont plus inquiets. Il croit qu’un changement drastique est nécessaire pour reprendre la route de la croissance.
On verra comment les chiffres évolueront à l’avenir mais personnellement, je maintiens que le FSE n’est pas pour tout le monde.
Sans le remettre en cause, une simple adaptation de Twenty Twenty-Two (le thème par défaut) peut faire en sorte de revenir à la philosophie de WordPress, à savoir la conception pour la majorité.
Dans tous les cas, WordPress restera le CMS leader dans les années à venir. Il n’y a aucun doute là dessus. Toutefois, attention à ne pas se brûler les ailes…
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C’est le point 2 qui me pose problème.
Je suis à 100% pour Gutenberg, et j’ai abandonné Elementor pour tous mes nouveaux sites.
MAIS … Que ça devient complexe pour le client !!!
Pour peu qu’on utilise une ou deux librairies Gutenberg supplémentaires, le voilà confronté à des dizaines de blocks alors qu’il ne devrait pouvoir en utiliser que 5 au maximum. Je n’ai pas encore trouvé le moyen (plugin ou autre) qui me permettrait de proposer à mon client une expérience d’édition SIMPLE et CLAIRE.
Avez-vous des idées ? Les plugin qui cachent ou désactivent les blocks buggent tous, car ils ne gèrent toutes les dépendances d’un block avec un autre. Supprimer un block utilisé par un block que vous gardez et l’éditeur plante …
Hello, tu as essayé de créer des blocks avec ACF ?
Les blocks avec ACF : tu les vois pour remplacer mes librairies de block Gutenberg ?
Oui tout à fait, et surtout pour faciliter la vie aux clients avec des blocks qui correspondent pile poil à leurs besoins.
Merci, je vais jeter un oeil : j’ai une licence lifetime de ACF.
Est ce que ce serait pas aussi la mode/retour des sites statique (jamstack) qui ferait du mal à wordpress aussi.
Il y a tout pleins de générateurs de site statique assez performant comme hugo, gatsby.
Avec plusieurs avantages comme des performances garantis (statique), de l’hebergement gratuit (pas besoin de calcul juste servir des pages) et aucuns problèmes de sécurités.
Il y a moyen que les petits blogueurs ou les simples sites personnel passent de plus en plus sur ce genre de technologie.